Le prix de la Nouvelle Académie de littérature 2018 est attribué à l’auteure guadeloupéenne Maryse Condé. L’annonce a été faite à la bibliothèque publique de Stockholm en Suède le 12 octobre 2018.
Condé est une grande dame de la littérature caribéenne et de la langue française. Une conteuse remarquable avec une écriture unique. « Je suis très heureux et fier d’avoir reçu ce prix. Mais permettez-moi de le partager avec ma famille, mes amis et, surtout, avec le peuple guadeloupéen qui sera ravi et touché de me voir recevoir ce prix. » L’auteure se rendra à Stockholm pour recevoir son prix le 9 décembre 2018.
Maryse Condé une œuvre majeure
L’écrivaine est une grande conteuse et une prodigieuse exploratrice. Aujourd’hui, son nom appartient à la littérature mondiale. « Dans son travail, elle décrit les ravages du colonialisme et du chaos postcolonial dans un langage à la fois précis et accablant. La magie, le rêve et la terreur sont, comme aussi l’amour, constamment présents. La fiction et la réalité se chevauchent et les gens vivent autant dans un monde imaginaire aux traditions longues et complexes que le présent. Avec respect et humour, elle raconte la folie postcoloniale, les perturbations et les abus, mais aussi la solidarité et la chaleur humaines. Les morts vivent dans ses récits de très près à ceux d’un monde où le genre, la race et la classe sont constamment transformés en constellations nouvelles. »
Son rapport à la Guadeloupe
« La Guadeloupe est un petit pays, important pour nous qui y sommes nés, mais qui n’est mentionné que lorsqu’il y a des ouragans et des tremblements de terre. Je suis heureuse que notre pays soit maintenant connu pour d’autres raisons, pour ce prix de littérature que je suis si heureuse et si fière de recevoir », déclare Maryse Condé dans son remerciement à la Nouvelle Académie.
À la question pourquoi écrit-elle ?
« La réponse est que j’écris pour moi-même. J’écris sur l’esclavage, l’Afrique, la condition des noirs à travers le monde parce que je veux mettre de l’ordre dans mes pensées, comprendre le monde et être en paix avec moi-même. J’écris pour essayer de trouver des réponses aux questions que je me pose. Écrire pour moi est une forme de thérapie, une façon d’être sain et sauf. »
Ses livres
Elle a publié une vingtaine de romans, parmi lesquels : Ségou, Traversée de la mangrove, Désirada, En attendant la montée des eaux, La vie sans fards, Célanire, Moi, Tituba, sorcière (grand prix littéraire de la Femme, 1986), La Vie scélérate (prix Anaïs-Ségalas de l’Académie française, 1988), Le Cœur à rire et à pleurer (prix Marguerite-Yourcenar, 1999). En 1993, Maryse Condé a été la première femme à recevoir, pour l’ensemble de son œuvre, le prix Putterbaugh décerné aux États-Unis à un écrivain de langue française.
Biographie
Maryse Condé est née en 1937 à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, aux Antilles. Elle a déménagé à Paris à l’âge de 16 ans pour étudier à la Sorbonne et est titulaire d’un doctorat. Plus tard, elle s’est installée en Afrique de l’Ouest et a travaillé pendant plus d’une décennie en Guinée, au Ghana et au Sénégal d’où elle a tiré l’inspiration pour son best-seller : Ségou (Robert Laffont, 1985). Avec son mari, le traducteur Richard Philcox, elle a ensuite déménagé aux États-Unis, où elle a enseigné pendant plusieurs années dans les universités américaines, dont Berkeley, Harvard et Columbia. Elle a enseigné au département de littérature caribéenne de langue française à la Columbia University à New York jusqu’en 2002. Elle vit aujourd’hui avec son mari à Gordes, en Provence.
Pour aller plus loin
Le documentaire Maryse Condé : Une voix singulière https://m.youtube.com/watch?v=hAb8RyzR9uo
Source : dennyaakademien