Une spécialité culinaire, élaborée par des cultures diverses et perfectionnée dans le temps dans un but pratique.

Le Bokit, l’inconditionnel chantre de notre gastronomie, vendu dans des camionnettes au bord des plages, des routes, sur les places des villes, un peu partout sur l’île ravie nos papilles de janvier à décembre sans nous trouer les poches. Que serait nos sorties improvisées cet été entre amis sans la présence de cet appétissant écrin de saveurs. Ce sandwich que chacun agrémente et réalise à sa façon aujourd’hui; renferme une histoire passionnante et parsemée d’ingéniosité.

Cette spécialité typiquement Guadeloupéenne, s’est développée vers mi-1800, après l’abolition de l’esclavage. A cette époque, les travailleurs les plus pauvres ne pouvaient même pas se payer certains produits de première nécessité, comme le pain. Une situation qui se répète à notre époque avec « la vie chère ». Mais observateurs et débrouillards, ils eurent l’idée d’adapter et de fabriquer eux-mêmes un pain, sans levure à l’époque et cuit dans une casserole d’huile chaude, appelé « pain chaudière », dû à la vapeur s’en échappant. Le Bokit Guadeloupéen tient sa particularité du fait qu’il ait été modifié par les esclaves eux-mêmes.  Pour prévenir une faim qui ne manquerait pas à se présenter, ceux-ci trouvèrent une façon de faire ce pain, qui plus qu’un autre, rassasierait son homme avec les moyens du bord.

Avant cela, il y a des siècles à la Nouvelle-Angleterre les indiens Shawnees faisaient cuir une galette de maïs sur une pierre chaude. A la rencontre avec les Européens, ces derniers remarquèrent que cette galette pouvait supporter de long voyage et rassasier un homme pour une longue journée. Ils y ajoutèrent alors de la farine de blé, pour en faire un pain qui rappelle « le pays ». C’est ainsi qu’ils nommèrent ce qui allait devenir le Bokit : le journey cake (le gâteau de la journée).