Des vers colonisent et menacent la biodiversité de la Guadeloupe

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Il existe de très nombreuses espèces de vers encore très mal connues tant dans les milieux terrestres que dans les milieux marins. Pour la Guadeloupe, aucune espèce n’avait encore été décrite bien que ces vers soient très répandus dans les zones tropicales.

En janvier 2016, Mme Diane Wojdowski de Baie-Mahault a contacté Le Parc National de la Guadeloupe, car elle venait de trouver sur sa terrasse un grand vers à l’allure étrange avec une tête en forme de marteau.

Espèce invasive

Les photos ont été transmises, au professeur Jean-Lou Justine du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), spécialiste de ces animaux. La réponse est revenue très rapidement, il s’agit d’une espèce invasive qui se répand dans toute la zone tropicale et qui a également été signalée dans l’hexagone. Cette espèce Bipalium kewense serait originaire d’Asie du Sud-est et elle est un grand prédateur des lombrics (vers de terre).
D’autres observations de cette espèce ont été rapportées pour la commune de Trois-Rivières. Quand on sait l’importance des lombrics pour l’équilibre des sols, on peut craindre que l’arrivée de cet intrus soit une sérieuse menace pour tout l’environnement.

Lire l’article : Doit-on s’attendre à des moustiques génétiquement modifiés en Guadeloupe ?

Un second prédateur

Les clichés d’un autre ver étrange photographié en décembre 2012 sur la commune de Trois-Rivières furent transmis également. Après consultation de deux autres spécialistes internationaux, il s’avère que cette deuxième espèce est déjà connue des Bermudes. Le vecteur probable est le transport de plantes. « Quelqu’un, en Amérique du Sud, a sans doute envoyé un pot de fleurs habité par cette espèce sur une île des Antilles, puis elle s’est répandue », suggère le spécialiste. Lorsque les photos ont été envoyées au MNHN, Mr Pierre Damien Lucas (entomologiste) a simultanément envoyé des clichés de la même espèce photographiée en Martinique !

« On ne peut donc dire pour l’instant s’il s’agit d’une espèce introduite et l’on ne connaît rien de son rôle ou de son impact sur nos milieux. Toutes les informations sur ces espèces méconnues sont par conséquent importantes, merci de nous rapporter vos observations.

Et grâce aux études moléculaires, on connaît ses proies : les vers de terre et un petit escargot local, le Bulime octoné. En tant que prédateur des animaux du sol, Amaga expatria, représente donc une menace potentielle pour la biodiversité : “Dans un sol, il y a une faune locale qui joue un rôle. Si vous y ajoutez un énorme prédateur qui mange tout, ça crée un déséquilibre”, explique Jean-Lou Justine.