De nombreuses actions ont été lancés ces dernières semaines par les institutions de santé et les médias pour informer ou garantir la sécurité et la protection des populations. Quel est l’impact de ce pesticide aujourd’hui ?
Le chlordécone est un produit phytosanitaire, pesticide organochloré qui a été utilisé pour lutter contre le charançon du bananier. C’est un polluant organique persistant considéré comme non biodégradable. Sa toxicité alliée à cette persistance l’ont fait interdire dans de nombreux pays (dès 1976 aux États-Unis et jusqu’en 1999 dans les pays d’Europe de l’est).
Utilisation en Guadeloupe
L’introduction sur le marché de cette molécule date de 1972 et son interdiction définitive en France a été prononcée en 1990. Des dérogations successives ont permis son utilisation dans les Antilles françaises jusqu’en 1993. Cette substance très stable peut contaminer certaines denrées végétales ou animales, ainsi que les eaux de captage, de rivière et de mer.
En Guadeloupe, la pollution des sols par le chlordécone est localisée essentiellement dans le sud de la Basse-Terre. Il s’agit de terres très majoritairement cultivées en bananeraie alors que l’utilisation de cette molécule était autorisée et on estime aujourd’hui à environ 14 000 ha les zones potentiellement contaminées c’est à dire que 16 % des parcelles d’usage agricole de Guadeloupe continentale sont considérées comme à risque.
Plan chlordécone
Le maintien d’une activité agricole sur les sols pollués reste heureusement possible sous réserve de respecter les recommandations de pratiques culturales issues des travaux de recherche (absence de contamination de certaines productions). La contamination par le chlordécone constitue une préoccupation sanitaire, environnementale, agricole, économique et sociale et un enjeu de santé publique.
Après les deux premiers plans chlordécone les pouvoirs publics ont lancé le plan chlordécone III. Ce troisième plan chlordécone a pour objet de poursuivre les actions engagées pour protéger la population (surveillance et recherche) mais aussi pour accompagner les professionnels impactés par cette pollution (pêcheurs, agriculteurs, éleveurs). Il vise à passer d’une logique de gestion de crise sur le court terme des effets collatéraux de la pollution à une logique de long terme et de développement durable des territoires, intégrant la problématique du chlordécone.
Les études confirment l’impact sur notre santé
Selon l’enquête de nos collègues de la 1ère France tv info : « Les méfaits du chlordécone sur la santé sont déjà connus, mais il est possible d’apprendre encore des mauvaises nouvelles dans le futur. La molécule est un perturbateur endocrinien, c’est-à-dire qu’il est susceptible d’avoir des effets sur le corps, mais également sur le cerveau des enfants.
Dans ce domaine, une chercheuse a énormément travaillé en Europe et aux États-Unis. Elle s’appelle Barbara Demeneix et est l’une des expertes les plus en vues au niveau mondial sur les perturbateurs endocriniens ».
Les enfants touchés
« Elle a prouvé l’impact de ces perturbateurs sur le fonctionnement de la thyroïde et s’est intéressée dans ses recherches, aux conséquences des pesticides sur le cerveau des enfants, via leurs mamans enceintes. Or, le chlordécone est un perturbateur endocrinien. Il a été reconnu comme tel par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) dès 2012. Aux États-Unis, certaines régions exposées aux pesticides et recensées dans les travaux de Barbara Demeneix font état d’une explosion du nombre de cas d’autisme, jusqu’à 600% ».
Combien de cas existe-t-il dans l’archipel et dans le reste des Antilles françaises? Pourquoi avoir accordé des dérogations pour son utilisation en Guadeloupe ? Nous posons les bonnes questions mais les Responsables ne semblent pas vouloir y répondre sans doute en raison du manque de considération des populations concernées !