A l’occasion de la sortie de son nouveau projet Flow Part.1 et de son concert le 7 avril à la salle « Les étoiles », le chanteur Lorenz nous a accordé une interview pleine de réalisme et de sincérité. 2ème partie de la rencontre.
GA : Il semble que les gens n’écoutent plus la musique pour l’apprécier, mais la consomment tout simplement. Ça n’a plus de sens de sortir un album ?
L : Ça dépend du statut de l’artiste. Des gens comme Rihanna ou à l’échelle locale comme Kalash, vont sortir des albums qui seront attendus. Un artiste d’une envergure un peu moindre qui va sortir un album et un single-clip en même temps ; les gens vont aller voir le clip, mais l’album va passer à la trappe jusqu’au prochain clip qui sera extrait de l’album. Il faut savoir créer une émulsion, susciter un intérêt, changer ta façon de communiquer. Les gens n’écoutent plus seulement la musique, ils la regardent. Ils ont besoin d’avoir une espèce d’image à assimiler à la chanson.
GA : Penses-tu que nous avons manqué un coche et que nous n’avons pas su imposer le zouk ?
L : C’est évident, tout le monde est resté dans son coin à faire son petit bonhomme de chemin , sans vouloir partager avec les autres une part du gâteau. Je pense que l’on aurait pu s’unir, je parle surtout des générations précédentes. Il aurait dû y avoir une structure pour prendre cette musique sous son aile et pour la hisser. Mais notre créneau n’a jamais été pris au sérieux notamment par les médias.
A l’échelle communautaire, on n’a pas su se renouveler. Le problème qu’il y a avec notre musique, c’est que les gens de chez nous, tournent le dos à leur propre musique. Pour les Antillais c’est devenu réducteur d’aimer le zouk, ça me dépasse. C’est pourtant notre musique mais malheureusement dès que cela vient d’ailleurs , les gens préfèrent. On est à un tournant, si on n’innove pas , la musique des Antilles va mourir.
GA : Parle-nous de ton nouveau projet et de son titre « Flow ».
L : Le flow, c’est ce qui définit ce qu’il y a de plus important dans une chanson. C’est ce qui va accrocher l’oreille d’une personne qui t’écoute. Ça dépasse la mélodie, l’instrumental, le texte cela va te permettre de bouger la tête. J’aime ressentir ce moment où tu vas bouger la tête.
GA : Est-ce cela qui a motivé la réalisation de ton projet ?
L : C’est ce qui motive tous mes projets. Quand j’écoute un instrumental, je cherche à ressentir le flow. C’est comme pour le titre Touné, j’ai ressenti cette émotion et tout s’est enchainé rapidement tout était présent, c’était intense.
GA : Tu es un homme-orchestre. Le fait de composer, est ce que cela t’aide?
L : Plus tu t’impliques dans la création d’un morceau et mieux, tu ressens les choses. Je suis obligé de m’impliquer sinon je ne ressens rien.
GA : Sur un des titres (Up Down remix), tu mélanges du gouyad pourquoi cette incursion ?
L : C’est une sorte de kompa love, j’avais déjà testé ce style en prestation et le public avait apprécié. On retrouve beaucoup d’instruments comme des solos de guitare, la musicalité y est très présente.
GA : Tu vas être en concert acoustique le 7 avril est-ce que ta voix a atteint le niveau que tu souhaites ?
L : J’aime ça, je chante tous les jours. J’ai beaucoup travaillé, cela me met une pression énorme, car les gens viennent voir si je leur procure la même émotion que sur mes morceaux. Les premières minutes vont être déterminantes. Là, ce sera la guitare et moi. Il faudra tenir et je pense que cela sera une expérience inoubliable.
GA : Tu es au-delà de la thérapie, car tu vas devoir mener un concert.
L : Je suis obligé, je suis un artiste, je dois me fixer des objectifs. Sinon je n’aurais pas dû m’engager dans cette voie la.
GA : Que penses-tu de la scène guadeloupéenne actuelle d’ailleurs?
L : Elle dépasse les frontières, il n’y a qu’à voir le nombre de vues sur internet, on doit prendre conscience de cela. On est à niveau par rapport à l’image maintenant, il faut proposer de la qualité pour que les yeux du monde soient rivés sur nous. Moi j’écoute tout, du Stevie Mahy, Yoan, Pon 2 Mik, Rachelle Allison. Quand je parle à d’autres confrères ,d’artistes de chez nous issus de genres musicaux différents, ils ne connaissent même pas. On manque encore d’ouverture, on n’a pas cette culture ou l’on mélange les genres. Quand tu fais une collaboration, on apporte à l’un comme à l’autre. On doit le faire, car on est encore en retrait et on piétine dans l’innovation.
GA : Tu as un conseil pour un jeune qui souhaite se lancer dans la musique ?
L : Je lui conseille d’assurer ses arrières, car dans la musique, il y a les hauts et les bas. Il faut être prévoyant. Quand tu as une passion, tu y mets tes tripes, c’est pour toute la vie. Mais il ne faut pas oublier que l’on ne reste pas au sommet en permanence et ça, il faut l’avoir à l’esprit.
GA : Un dernier mot à ajouter par rapport à ton concert ?
L : Merci à ceux ayant leur place, on va faire un spectacle de fou ! J’espère aller un peu partout pour me produire et notamment en Guadeloupe et en Martinique.
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