Il y a quelques jours nous avons rencontré l’artiste et show man pour parler de son actualité. Cet échange en toute décontraction nous a permis de découvrir un homme passionné et soucieux d’être créatif dans sa musique et juste dans son rapport avec le public.

Guadeloupe Actu : Nous avons découvert ta musique avec le hit Au bout des rêves ou vous étiez en feat avec Booba avec ton groupe Trade d’Union.

Yoan : Oui, j’évolue aujourd’hui dans l’univers de la musique caribéenne mais je viens d’un milieu hip hop. J’ai débuté en 1997 avec le groupe  « Trade d’Union » composé de mon petit frère Gregz et de mon cousin Chacha.

GA : Est-ce que ton album Premier souffle est une naissance ou une renaissance ? Car tu as un ADN plutôt soul et Rythm and blues.

Y : Je vais dire que c’est plutôt une naissance. Car depuis 1997, c’est mon premier album sorti . Même avec Trade d’union, on n’a pas eu cette chance. Là pour moi, c’est la première chose concrète qui se réalise. Premier Souffle c’est moi, c’est mon côté caribéen. J’ai fait cet album à ma façon. Je viens du RNB mais j’ai essayé de garder un aspect soul et antillais d’où le kompa et le zouk très présents sur cet album. J’aime les choses vraies et authentiques.

GA : C’est Dj Jaïro qui t’a poussé dans cette direction ? Il est à l’architecture du projet.

Y : Jaïro c’est la famille, c’est un pote! Je l’ai rencontré en allant dans ses soirées. Jaïro c’est un bel exemple pour la communauté antillaise. Il se bat pour ce qu’il aime, c’est d’ailleurs ce qui nous a réuni . Pour moi le RNB est complètement mort en France. Nous ne voulions pas être frustrés à faire une musique qui n’ira pas plus loin. J’avais envie de faire de la musique mais surtout de rester fidèle à moi-même.

J’aime la musique mais je n’irai pas me prostituer pour elle. Je ne ferai pas tout et n’importe quoi. La musique, j’ai toujours baigné dedans. Ma mère écoutait Kassav, j’écoute encore Giles Floro. J’ai grandi avec le zouk … Les gens ont tendance à dire que je viens d’un milieu RNB et que je ne devrais pas faire de zouk. Mais bien que je n’avais jamais rêvé d’un album, mon kiffe a toujours été de m’épanouir dans la musique caribéenne. Dans ce registre rien n’est figé, c’est le public qui décide, comparé au marché national . C’est ce qui fait que j’apprécie le milieu dans lequel je suis actuellement.

GA : Est-ce que tu tires un bilan depuis la sortie de ton album Nous savons que tu continues de remplir des salles depuis sa sortie en 2015.

Y : Le seul bilan que j’ai fait c’est celui de ma vie artistique. C’est grâce au Zouk que je suis mis en avant aujourd’hui, je ne pensais pas y arriver un jour. Quand j’ai entendu le premier album de Kim, de Fanny.J ou de Milca, j’ai pris une claque. Je me suis dit que c’était dans cette direction là que je voulais aller , que le zouk me ressemblait,  me parlait. Ce qui m’importe c’est de rester vrai. Je fais avant tout de la musique avec amour et pas pour  de l’argent . Je ne pense pas révolutionner quoi que ce soit mais j’essaie d’apporter ma touche au zouk.

GA : Avec ton single Paré tu veux amener ton public vers d’autres horizons ?

Y : Je veux lui dire ne vous enfermez pas ! Je prends pour exemples des artistes comme Thierry Cham ou Medhy Custos qui sortent des sentiers battus. Ils ont beaucoup été critiqués, alors que les Antilles devraient être fières de ce qu’ils ont apporté au zouk. On n’arrive pas à affirmer notre propre identité musicale par manque de structures qui nous correspondent. Je suis confronté à cela depuis le début de ma carrière. Je croise des gens de différentes cultures dans la rue qui m’arrêtent pour me féliciter, ce qui prouve pourtant que le zouk dépasse les frontières.

GA : Peut-on parler de transition ?

Y : Je développe, je vibre et je vais là où je me sens bien. C’est pour cela que je ne parle pas spécifiquement de zouk mais plus de musique caribéenne. Les antillais ont du potentiel dans beaucoup de domaines. Il faut donc l’exploiter pour aller aussi loin que l’on peut.

GA : Comment expliques-tu que le 4 décembre 2016 à la Cigale que tant de gens aient voulu communier avec toi ?

Y : C’est mon côté naturel je crois, je ne me raconte pas de salade, je ne veux pas mentir aux gens qui m’écoutent et qui prennent le soin d’acheter ma musique. Je pense qu’ils le ressentent. Les gens se reconnaissent aussi dans mes morceaux. Quand j’apprécie une chanson que j’ai faite, je veux que mon public ressente la même chose que moi. Mon concert à la Cigale était impressionnant. Quand je regardais la foule, je me disais que j’étais fier de voir que les gens étaient venus me voir, moi Yoan. Après le concert, j’étais impressionné, ça devenait plus réel, les gens sont venus me féliciter et témoigner qu’ils étaient bien là pour moi . C’est donc normal de vouloir continuer à faire de la musique comme je le fais et de donner encore plus à mon public.

GA : Tu as une joie de vivre communicative. Quelle est ta recette ?

Y : Il y a toujours plus malheureux que soi dans la vie, je pars de ce principe . Je me rappelle d’un voyage au Brésil qui a changé toute ma vision de la vie. Quand tu regardes à droite, que tu as un hôtel 5 étoiles et qu’à gauche, tu as une famille avec une mère et ses 5 enfants qui vendent du chewing gum à l’unité pour s’en sortir.

Tu constates que tu es face à deux extrêmes et que tu ne peux pas te plaindre. Jusqu’à aujourd’hui en France , nous sommes bien lotis. Certes la vie n’est pas toujours facile mais tant que tu as la santé, tu relativises . Mon dernier single Paré c’est ça. J’avais envie de dire : « viens t’éclater, oublie tes problèmes, laisse-toi aller, avance. » C’est ça ma devise : tant que tu es en paix avec toi-même, on se moque de l’avis des autres.

GA : Qu’est-ce tu donnerais comme conseil à un jeune qui voudrait se lancer dans la musique ?

Y : de prendre des cours de chant cela m’a apporté les bonnes bases. Mon expérience m’a aussi appris la vie. Si c’était à refaire, je sais ce que j’aurais corrigé … Je lui parlerai de culture dans sa globalité. Je suis toujours en recherche de savoir et d’apprentissage . Je veux connaitre les gens. Si j’avais eu cette soif de connaissance plus jeune , je pense que je serais allé plus loin.

GA : Pour le prochain projet on peut s’attendre à quoi ?

Y : Je suis un kiffeur, je ne calcule pas, c’est spontané. J’écris , je sors les chansons et je savoure la satisfaction d’entendre les gens me dire que  je parle de ce qu’ils vivent. C’est parfois surprenant, mais c’est aussi un plaisir et c’est tant mieux !

L’album de Yoan Premier souffle est toujours disponible ici
Son dernier single en date, Paré ( sorti en février 2017) :

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