Le Mouvement social Pou Lagwiyann Dékolé a démarré il y a deux semaines et ne semble pas s’affaiblir. Différentes infrastructures : écoles, commerces, stations d’essence, l’université, l’aéroport et le port ont un fonctionnement extrêmement perturbé.
Comme lors de la grève générale de Guadeloupe en 2009 des barrages ont été érigés à des « points stratégiques ralentissant considérablement le cours de la vie. L’objectif est de faire réfléchir sérieusement à la situation dans laquelle la Guyane se trouve ».
La vie quotidienne s’est compliquée mais au-delà de cela l’ensemble du peuple marche à l’unisson.
D’où vient le mal-être du peuple guyanais ?
« La Guyane est devenue un département français en 1946, mais n’a pas bénéficié de son association. En fait, c’est ce sentiment d’avoir été profondément négligé par la France qui est à l’origine de ce mouvement Pou Lagwiyann Dékolé.
Les plaintes des Guyanais sont, en effet, multiples: des infrastructures scolaires insuffisantes (5000 enfants ne sont pas scolarisés dans le primaire à cause du manque d’écoles), des hôpitaux délabrés et criblés de dettes, un système judiciaire défaillant, des dispositifs d’insertion et de formation quasi inexistants et qui laissent donc les déscolarisés sans alternative (ceci explique en partie un taux particulièrement élevé de chômage chez les jeunes (40%) et une grande incidence de la délinquance et de la criminalité), des infrastructures routières inadéquates, l’inaccessibilité : à l’électricité et à l’eau potable pour près d’un tiers de la population, aux réseaux téléphoniques pour des milliers de personnes et un taux de mortalité infantile élevé ».
Par conséquent, la Guyane est devenue fortement dépendante de la France. Sur le plan local, les industries ne sont pas suffisamment encouragées à se développer.
Semblable à notre situation « on retrouve également peu de dessertes aériennes avec des compagnies qui pratiquent souvent des prix exorbitants » limitant les déplacements de la population.
L’immense forêt équatoriale « qui recouvre près de 98% du territoire et qui demeure parmi les plus riches au monde du fait de sa biodiversité » est très peu exploitée au profit de la population.
Vers une sortie de crise ?
« Face aux revendications du Collectif Pou Lagwiyann Dékolé et ses exigences de 2,5 milliards d’euros afin de commencer à remédier à toutes ces carences », le gouvernement français estime qu’il ne pourra débloquer qu’un peu plus d’1 milliard d’euros sur 10 ans.
Une proposition que déplorent les différentes délégations. Cette décision annonce l’accentuation du conflit jusqu’à l’obtention des revendications établies par le peuple guyanais.
Source : Afrocentricity International France Photos : Claude Jonathan, Collectif Pou Lagwiyann Dékolé