Apres son passage dans « L’émission Politique » sur France 2, Domota livre sa réponse complète au candidat de la primaire François Fillon sous le titre : Colonialisme. Elie Domota : «Ma réponse à François Fillon » dans le quotidien L’Humanité

 

Réaction de Domota au discours de François Fillon à Sablé-sur-Sarthe le 28 août 2016.

Lors de la préparation de l’émission, France 2 m’avait assuré que je disposerais d’un temps de parole pour développer mes arguments, mais cela n’a pas été le cas. Ce que je voulais dire à François Fillon, c’est que ces propos sont tenus par trop de responsables politiques.

Il faut rappeler qu’en 1635, lorsque des mercenaires sont envoyés par Richelieu, ils ont pour mission de coloniser la Guadeloupe et la Martinique. Il s’ensuit une longue décennie d’assassinats, de viols, de meurtres et de massacres des Indiens sur l’île. C’est comme cela que le royaume de France est devenu propriétaire de la Guadeloupe, par le sang et par le meurtre.

François Fillon appelle cela le « partage de la culture » ; moi, j’appelle cela conquête coloniale, meurtre et vol des terres. […] J’aurais aussi voulu rappeler à François Fillon que cette guerre a coûté aux forces guadeloupéennes des milliers de victimes avec […] plus de trois cents décapités en place publique à Pointe-à-Pitre. La France n’a certes pas inventé la décapitation, mais elle l’a commise contre des Guadeloupéens, qui étaient des Français. C’était encore la République à l’époque !

Et en 1848, lors de la deuxième abolition de l’esclavage, la République a déclaré que c’était une atteinte à la dignité humaine, mais elle a indemnisé les propriétaires, et non leurs victimes. La colonisation, c’est la violence pour s’approprier le bien d’autrui, parce qu’on considère qu’autrui est inférieur.

Cette conception perdure, camouflée dans une prétendue mission civilisatrice de la France, de Jules Ferry à Nicolas Sarkozy, Manuel Valls ou François Fillon aujourd’hui. Fondamentalement, M. Fillon est un colon. Il à la même philosophie, il se considère comme un être supérieur par rapport aux « sauvages » auxquels on a appris ce qui lui semble bon à ses yeux.

Le discours de François Fillon abordait aussi le programme scolaire, Elie Domota réfute ces propos.

On retrouve cette pression sur l’enseignement de l’histoire visant à exonérer la France de ses responsabilités en tant que puissance coloniale et esclavagiste, et même, à la limite, à rendre les victimes responsables de leur situation.

Un exemple : en mai 2015, François Hollande est venu inaugurer le Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre. Qu’y voit-on ? Que ce sont les Africains qui ont vendu leurs frères, et que les Européens, passant par-là, les ont donc achetés comme esclaves. Comme si les bateaux étaient arrivés par hasard !

Deuxième chose, il est dit que c’est grâce à la religion chrétienne que les Noirs sont sortis de l’idolâtrie. Rien sur la bulle du pape Nicolas V qui, en 1454, a encouragé le pillage des terres et les meurtres des païens ! L’apprentissage est aussi une question de domination.

Qu’il y ait Domota pour apporter la contradiction à Fillon est une bonne chose. Mais combien de contradicteur faudra-t-il pour endiguer le torrent d’ignominies que nous entendons chaque année ? Les propos comme ceux de l’ancien ministre font écho car nous continuons à parler à voix basse. Il est temps de rassembler nos esprits afin de s’élever d’une seule main.

Pour lire l’article en entier