La Guadeloupe est en émoi depuis une semaine. L’heure est à l’émotion et au recueillement. Elle vient de perdre un de ses fils.
Un terme fort et juste également employé par le maire de Saint-François en parlant du lycéen. Yohann était un jeune passionné d’informatique, issu d’un milieu modeste apprécié dans son quartier et par ses camarades. Il souhaitait se construire un avenir et il se donnait les moyens.
Les réactions ne cessent d’abonder où elles peuvent s’entendre, dans les médias, aux abords des rues, ou encore dans les restaurants. Le peuple est à vif et sous tension. Les citoyens veulent exprimer leur mal-être ou tout simplement s’exprimer. Les consciences s’éveillent pour certain les opinions ou les avis se renforcent pour d’autres. La question de la violence en Guadeloupe ne laisse indifférente.
Sommes-nous toujours en mesure de réagir ? « En té ké vlé sav ka sé ti jenn la ki té alentou fè pou ti boug la – pendan y té ka goumé pou sa ki tay – nou vwè a la télé kè fanmi ay pa woulé si low – yo pa té pé kwié lè sèkouw fè on biten pou kwiminel la chapé – pé tet y té pé en vi toujou ». Une réaction entendue par beaucoup sur les bandes FM et sous bien d’autres formes. Elles nous interpellent profondément et nous divisent.
Apres cet événement marquant, l’île ne sera plus comme avant. Elle a pris un tournant dans son histoire. Les yeux sont braqués sur notre archipel. La Gwadloup sé tan nou, oui, ce n’est pas celle de la violence ou de l’ingérence, c’est à nous en effet de gérer ses maux.
Nous attendons encore une fois une réponse de l’État. Comme avec cette réunion présidée par le préfet qui réunissait hier à Basse-Terre les responsables des collectivités et des cadres de la justice. Le but était comme à chaque fois de mettre en place un plan efficace contre la violence. Le gouvernement n’endiguera pas le problème à la source. L’eau est montée et déborde.
Le présumé coupable était selon certain l’incarnation inverse de la victime. Selon nos sources, sa mère l’avait abandonné. Un parcours entre formation professionnelle inachevée et fugues des maisons éducatives où il était placé. Nombreux sont ces jeunes qui s’enfuient régulièrement de ces centres de placement.
Voilà qui semblerait être des composantes d’un chemin de vie pouvant se révéler chaotique. Nous sommes en mesure de dresser des profils, mais dans l’impossibilité aujourd’hui de proposer des solutions adaptées.
La famille guadeloupéenne est constamment pointée du doigt, définie comme étant en crise ou en mutation. Mais un individu ne se construit pas en permanence aux yeux de tous. Une mère ou un père ne peut être omniprésent auprès de son enfant. Mais ils ont la responsabilité et le devoir de veiller sans faillir à son bon développement.