La convoitise des littoraux Antillais 

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Les plages de l’archipel et de l’île sœur attisent la convoitise des structures privées ou des particuliers. Des mouvements de contestations ont pris le pas pour dénoncer et mettre en lumière ces cas.

Oui, sans aucune hésitation nous pouvons dire que l’archipel est paradisiaque. Malheureusement, la richesse suscite la convoitise. Il s’avère aujourd’hui que des pratiques illégales liées l’appropriation des plages a été révélée.

Anse des Rochers à Saint-François

Le témoignage d’un usager de la plage de l’Anse des Rochers qui circulait sur les réseaux sociaux et le système de messagerie instantanée WhatsApp a été l’élément déclencheur de la polémique.

Dans ce témoignage, l’usager en question dit avoir été chassé de la plage, avec sa famille, par une personne qui s’est présentée comme propriétaire à la Résidence Anchorage. Cette dernière ayant avancé un prétendu caractère privé de cette partie du littoral.

Dans un communiqué la municipalité rappelle la législation relative aux littoraux de la Guadeloupe et aux plages de la ville.

«Face à cet évènement, la municipalité de Saint-François souhaite rappeler quelques règles fondamentales relatives au littoral et à sa fréquentation. Tout d’abord, la municipalité tient à rappeler que la loi dite “Littoral” du 3 janvier 1986 a réinscrit la zone des 50 pas géométriques dans le domaine public de l’Etat, sanctuarisant cette zone comme inaliénable et imprescriptible […].

Cela implique donc pour le cas particulier de la plage de l’Anse des Rochers, comme partout ailleurs en Guadeloupe, que cette dernière a et conserve un caractère public. Dès lors, toute personne, sans distinction, peut jouir de l’usage de cette plage, à condition d’y respecter les règles élémentaires de la vie en commun. […]

Par ailleurs, la municipalité de Saint-François rappelle que le camping sur les plages de son territoire, à l’exception de la Coulée, est strictement interdit.»

En guise de protestation un « kanari kontré » a été organisé sur la plage. Ils étaient nombreux à avoir répondu à l’invitation lancée sur les réseaux sociaux pour protester contre l’appropriation de la plage de l’Anse des Rochers par certains résidents.

Littoral de Sainte-Anne

Suite au débat sur la privatisation du littoral lancé avec l’affaire de la plage de l’Anse des Rochers, la municipalité de Sainte-Anne a décidé de mener son enquête sur la libre circulation sur son littoral.

En effet, le littoral est attaqué par l’érosion liée au changement climatique, de plus en en plus présent ces dernières années. La pression de l’urbanisation et parfois la convoitise de certains dans un but privé ou touristique entraînent sur le territoire saintannais, de nombreuses occupations et entraves illégales.

Relire notre article : Sainte-Anne lutte contre l’érosion de la plage du Bourg

La police municipale a donc effectué une visite et des contrôles à partir de la plage de l’anse du Bellay, en passant par Casting jusqu’au bourg. Cette enquête a donné lieu à un rapport qui a porté sur 27 propriétés et a permis les constats suivants : les 27 propriétaires respectent la législation.

Une dizaine de propriétaires entravent partiellement le domaine public et parfois de façon involontaire, car des digues et des enrochements ont été réalisés dans le but de limiter le phénomène d’érosion et de recul du trait de côte.

Parmi cette dizaine de propriétaires, 6 ont réalisé des obstructions qui rendent la circulation difficile, voire dangereuse : garde corps, petit cabanon, grillage, poteau en ciment, murets. Une résidence entrave de façon manifeste et délibérée la liberté de passage.

Les policiers ont constaté une lune avec des piques, une clôture, un mur et deux panneaux d’interdiction de passage. C’est le seul lot où l’infraction est manifestement volontaire et assumée par l’agence qui gère la copropriété.

Fort de ce constat, l’ensemble des propriétaires ont été rencontré et sommé de se mettre en règle avec les normes en vigueur. Des mises en demeure vont être adressées directement au propriétaire ou au gestionnaire qui ne respectent pas la réglementation.

Martinique, plage de Désert à Sainte-Luce

De nombreux Martiniquais avaient répondu à l’appel du collectif citoyen « Mun » ou encore de l’association écologiste Assaupamar afin de tenter de circuler à nouveau sur la plage de Desert à Sainte-Luce le dimanche 12 mai 2019. Ils se sont retrouvés face aux forces de l’ordre. Pourtant, le 11 mai a été rendu public un communiqué de presse de la préfecture autorisant le cheminement le long du littoral.

«La loi dit “littoral” et ses dispositions applicables outre-mer depuis 2010, prévoit le libre accès au rivage ainsi que la libre circulation des piétons le long du littoral.

Franck Robine, préfet de la Martinique, après avoir reçu le maire de Sainte-Luce ce lundi, s’est rendu hier quartier Désert (Fonds Larion) à son invitation, afin d’échanger avec les riverains et d’étudier comment rétablir la libre circulation. Il a reçu ce jour l’association ASSAUPAMAR pour écouter les positions de chacun.

Le rétablissement du cheminement sur le littoral sera assuré conformément à la loi. Simple dans son principe, celle-ci reste cependant complexe dans sa mise en œuvre. Elle nécessite une analyse fine des situations, y compris une nouvelle délimitation du domaine public maritime qui est une procédure longue et compliquée. Ce travail doit être réalisé avec sérénité et dans le respect du droit de propriété des riverains qui demeure.

S’agissant de Sainte-Luce, les services de l’État, en lien avec la commune, proposeront d’ici quinze jours, un projet de cheminement littoral, conforme au texte de la loi, en concertation avec toutes les parties prenantes.

Ce sujet dépasse la seule commune de Sainte-Luce. C’est pourquoi le préfet a écrit à tous les maires des communes littorales de Martinique, pour réaffirmer le principe de la libre circulation, demander de recenser et de signaler les difficultés qui seraient rencontrées et confirmer la disponibilité des services de l’État en appui des collectivités.»

Publiée par ASSAUPAMAR sur Dimanche 12 mai 2019

Les évènements de la plage des Rochers à Saint-François ont suscité de vives réactions au sein de la population et ont été le déclencheur de ces manifestations citoyennes.

Sources
Pas de ça en Guadeloupe
Association Assaupamar
Mairie de Sainte-Anne
Mairie de Saint-François
Préfecture de Martinique